Celle qui avait passé une bonne soirée

Les enfants sont en vacances chez mes parents depuis dimanche dernier. Enfin un vendredi où nous ne pensons qu’à nous deux. Une séance de cinéma, un bon restaurant et un bar où l’on passe des musiques des années 80, histoire de rigoler, danser et se rappeler notre adolescence.
Je me prépare, je prend tout mon temps. Aucun nez à moucher, aucune chaussette célibataire à marier. Je me fais un brushing, me maquille en soulignant mes yeux. Je suis prête. J’ai envie de savourer cette soirée malgré la fatigue.
Il me regarde, me dit que je suis belle. Je vois bien que son regard sur moi à changé. Je ne peux pas lui en vouloir, après 15 ans de relation et deux enfants, je ne suis plus celle dont il est tombé amoureux. Néanmoins, je garde le compliment, c’est toujours bon pour l’égo.

Celle qui se souviendra

J’ai 10 ans.
Comme tous les étés je passe un mois chez ma grand-mère. C’est long, c’est loin et y’a pas grand-chose à faire. C’est dans l’Est, une ancienne cité minière avec toutes les maisons collées les unes aux autres dans des petites rues étroites à sens uniques. Il n’y a aucune autre personne de mon âge. Bien sûr il y a ma sœur et ma cousine, mais ce sont des grandes, elles ont déjà 15 et 16 ans. Elles ne veulent pas jouer avec moi.

Celle qui a 40 ans

6h45, le réveil sonne. Comme tous les matins, de toutes les semaines, je me lève, le sommeil encore collé au pyjama. Passage par la salle de bain, pause technique, un peu d’ordre dans les cheveux, eau froide sur le visage, et le grand bal du matin commence.
Je prépare les petit-déjeuners de la maisonnée, chacun son bol, des céréales différentes, des boissons préférés: thé, chocolat, café… Faire la tournée des chambres et tenter de réveiller le plus doucement possible tout mon petit monde.

Celle qui ne se rappelle pas

Ma matinée commence doucement. Les bruits des chariots dans les couloirs et les portes qu’on ouvre et ferme sans délicatesse m’ont sorti du sommeil il y a déjà un moment.

J’attends… Je suis dans mon lit et j’attends. Je ne sais plus trop pourquoi. Ce que je sais, c’est que seule je ne dois pas me lever ou faire ma toilette seule, alors j’attends.

Celle qu’on ne voit pas

Je fais partie de ces personnes qu’on ne voit pas, qu’on ne remarque pas.

J’ai les cheveux bruns, châtains voir auburns, ni blonds, ni roux bien-sur, mi-longs, souvent attachés sagement en arrière.
Je suis menue, de taille moyenne, ni géante, ni naine, ni maigre, ni obèse. Un visage fin, lisse, sans tâches de rousseur, ou marques particulières. Ni laide, ni incroyablement belle, pas trop de maquillage, juste le minimum, je suis « pas mal » comme disent certains. Voilà, je suis moyenne, j’entre dans la catégorie « bien ».